Pour qui partir ? Pour quoi partir ?

Il existe tellement de raisons qui pourraient expliquer un départ. Il y a d'abord ceux qui ont le goût du voyage, qui recherchent des contrées qui leur sont encore inconnues, qui ont besoin d'un renouveau visuel ou un besoin d'exotisme. On peut aussi penser à l'envie de fuir un quotidien routinier, la grisaille parisienne, le sempiternel « Métro – Boulot – Dodo » ; mais aussi cette envie de fuir le temps qui dirige nos vies, qui nous oppresse, qui crispe notre dos. Pourquoi ne pas partir dans le but d'oublier les soucis, les blessures, les problèmes insolubles, une réalité inacceptable ? Ou tout simplement pour s'éloigner de personnes, de sa famille, prendre des distances ? On peut aussi s'envoler pour se sentir vivant, pour se retrouver à deux ou pour se défier et se prouver que nous pouvons le faire. Il y a aussi ceux qui partent pour repartir dans leur vie, dans leur carrière professionnelle ou dans leur histoire personnelle : pour faire un point, pour se réorienter professionnellement, pour aider à poser une décision, pour faire un deuil, pour tourner ou ouvrir une page, pour marquer une transition... Des raisons toutes aussi diverses que variées... Mais finalement, pourquoi partir ? Quelles motivations sont à l'origine de tous ces voyageurs, si différents : le touriste, l'homme d'affaire, le baroudeur, l'adolescent, la veuve, le jeune couple, l'humanitaire, le dépressif, l'aventurier, le missionnaire, le malade, la maman, l'ami, le coopérant ? Et nous ? Quelles raisons nous ont poussées à partir un jour ?

Aussi éclectiques soient elles, il en est une, indéniable, qui nous rénunit tous : nous partons d'abord pour nous ! Ce voyage que nous effectuons est source de bienfaits. Et ce sont celles-ci, souvent inconscientes, qui sont nos moteurs. Dans l'infinité des possibilités, il est possible de citer : le repos, l'excitation, la découverte, l'enrichissement, la satisfaction, l'harmonie voire tout simplement le bien-être. Nous partons alors, finalement, pour revenir avec un plus, fort de ce que nous avons vécu.

Les raisons de mon départ sont nombreuses. L'une d'elles est de suivre, pour une année cependant, des paroles de foi nous invitant à « tout quitter » pour nous mettre en chemin et rester au service des autres. Même si je suis persuadé que ma présence ne sera jamais nécessaire ici — le Cameroun ne nous ayant pas attendu pour vivre jusqu'alors — je pense que je peux apporter de mon temps et de mon énergie afin de contribuer au bon fonctionnement de l'hôpital. Une autre raison importante est que j'espère trouver ici une définition insoupçonnée du mot « vie ». Après avoir passé du temps outre-Atlantique où le Dieu s'appelle « Dollar » et où les Hommes ont été vidé d'une grande partie de leur humanité — selon moi — j'ai la naïveté d'espérer qu'ici, les relations humaines ont la place principale. Je souhaite pouvoir emporter un peu de ce trésor dans ma valise, à mon retour, et l'offrir à mes futurs enfants qui auront, sans doute, encore moins de chance que nous de connaître cela.